Petit, mon grand-père qui ne savait que faire pour me sortir d’une torpeur coutumière, me prenait par la main et m’emmenait au musée de la Marine, place du Trocadéro à Paris. Là, devant les tableaux des grandes batailles navales des siècles passés, il me racontait avec force détails toutes les horreurs de ces hauts faits d’arme dont la France sait si bien s’enorgueillir. Là, de nouveau gagné par une douce torpeur, je m’abîmais dans ces décors d’ailleurs, forcément meilleurs, là je ne voyais plus les massacres mais juste les cocotiers et ces cieux si beaux aux nuages si chargés de la lumière rouge d’un soleil couchant au soir de la bataille. Je n’ai pas été l’ingénieur naval de génie qu’il était, et il en aura sans doute beaucoup souffert, mais comme lui un beau jour j’ai décidé de partir ; partir loin, jusque dans l’hémisphère sud, voir si là où avait eu lieu ces fameuses batailles navales, le ciel au couchant était aussi beau et aussi rouge, que 40 ans plutôt dans la douce torpeur d’un musée poussiéreux, le musée de la marine au Trocadéro, à Paris.

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